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Initiatives « Des solutions pour accompagner les transitions » Les agriculteurs(rices) font évoluer les systèmes d’exploitation

4 novembre 2021

Cette journée à l’initiative de la FNSEA avait pour objectif de valoriser les actions positives réalisées par les agriculteurs(rices) qui cherchent à concilier productions agricoles, adaptations climatiques et prise en compte de l’environnement. Le rendez-vous était donné le lundi 25 octobre à Villers Saint-Martin dans le Doubs au GAEC Puy de la Velle chez la famille Jeannot puis au GAEC des Mésanges chez la famille HENRIOT, un village rural qui aurait mérité d’être labellisé à énergies positives. Ces sujets sont essentiels pour bien expliquer les grandes évolutions agricoles que nous allons connaître. Dommage que bien souvent deux taureaux sauvés de l’abattoir attirent, plus les journalistes et font plus facilement la une, alors que ces sujets mériteraient d’être expliqués aussi au grand public.

Pas de longs discours ni de grandes théories, des projets concrets portés par les agriculteurs(rices)

« La profession toute entière est fortement mobilisée pour l’accompagnement des transitions des exploitations agricoles » lance rapidement Christophe Chambon, président de la FRSEA Bourgogne Franche-Comté. Il poursuit : « ces évolutions ne sont pas réservées à quelques-uns, cela va demander un travail de communication, d’information et de formation auprès de tous les agriculteurs(rices), mais nous devons couper court, face aux polémiques pour bien mettre en avant l’évolution de nos pratiques auprès des citoyens ».

Il précise : « nous devrons travailler plusieurs pistes en parallèle :

  • la valeur ajoutée ;
  • la souveraineté alimentaire ;
  • les nouveaux produits, les nouveaux services adaptés aux territoires ;
  • la neutralité carbone et la lutte contre le changement climatique ;
  • les énergies renouvelables, …
  • la prise en compte de l’environnement.

Le rôle essentiel que joue l’agriculture : c’est l’une des seules activités avec la forêt qui a la possibilité de capter le carbone ! L’usine la plus efficiente capable de capter le carbone est la plante. Avec son mécanisme de photosynthèse qui synthétise le CO2 de l’air et de l’eau et libère de l’oxygène, l’agriculture est notre premier bouclier contre la pollution. Dans notre région de cultures, d’élevages, de prairies et de forêts nous devons constamment le rappeler ».

Après cette présentation rapide du contexte , les agriculteurs(rices) présentent les transitions effectuées sur leurs exploitations.

GAEC du Puy de la Velle

Du taurillon à la spiruline en passant par les fromages et les services environnementaux

Michel Jeannot rappelle, les grandes étapes du GAEC du Puy de la Velle « je me suis installé en GAEC avec mon père et mon frère Philippe en 1990, sur une exploitation en polyculture élevage laitier. Mon épouse s’est installée en 2006. Au départ de mon frère, mon fils s’est installé après un BTSA à Dannemarie. Lors de son installation, plusieurs voies étaient possibles : développement de l’atelier laitier avec des robots de traite ou une diversification avec la méthanisation. Il a fait le choix de la petite méthanisation, un investissement de 650 000 € pour une production de 432 000 kW avec un contrat garanti sur 2O ans et un atelier de spiruline. En développant des énergies renouvelables, le GAEC bénéficie d’une activité stable et rémunératrice. La production de chaleur est utilisée par la serre pour la production de spiruline. La méthanisation valorise uniquement les effluents d’élevage à 80% et 20 % de cultures dérobées. Nous gérons mieux nos effluents et nous avons fortement réduit les apports d’azote minéral. Nous travaillons sur l’autonomie de l’exploitation, nous modifions également les rations en privilégiant la protéine de proximité. Notre nouveau système va nous permettre de réduire les apports de tourteaux de 1 kg en moyenne par vache ».

Arrêt de l’atelier de taurillons et une alimentation plus économe pour les vaches laitières

« L’atelier de taurillons va s’arrêter cette année faute de rentabilité et de prise en compte des coûts de production» précise Michel. Pour le lait, il y a 80 vaches laitières avec 40 % de taux renouvellement et d’une vente de 700 000 litres de lait à la fromagerie de Clerval. Il indique les grands changements du système : « les surfaces en maïs vont fortement diminuées, au profit des surfaces en luzerne ou prairies temporaires.

Avec le changement climatique, la production de maïs devient plus aléatoire, hormis peut-être cette année. À la demande de la fromagerie, l’alimentation des vaches laitières est sans OGM, avec système basé sur le pâturage, le maïs ensilage grains, l’ensilage d’herbe, le foin et l’enrubannage de façon exceptionnel ». L’atelier laitier n’est pas oublié et Colette Jeannot qui est chargée de la traite surveille de près la qualité du lait : « avec une installation qui commence à fatiguer, cela prend plus de temps pour assurer une très bonne hygiène et une qualité du lait ».

La spiruline

Une serre de 750 m2 avec 3 bacs d’une capacité de 480 m2 , la production se met en place doucement, 300 kg par an à 500 kg pour aller vers 700 kg. 1 m2 fournit 2 kg sèche par an pendant les belles saisons . Elle se récolte tous les jours. « La spiruline est un produit à base de cyanobactéries » explique Florian Jeannot. « Elle a besoin de chaleurs pour se développer, d’azote, de phosphore de potasse et de fer. Elle se consomme en complément alimentaire, elle contient 60 % de protéines. Considérée comme par l’OMS comme le meilleur aliment du 21 ème siècle pour l’humanité, la spiruline possède une composition nutritionnelle exceptionnelle qui lui confère de nombreuses vertus pour la santé. C’est l’aliment d’origine végétale qui possède le plus de fer. La forte teneur en acides aminés et en vitamines offre également à la spiruline des propriétés intéressantes pour le foie, c’est un antioxydant efficace. Nous avons choisi cette production pour toutes ces raisons ».

Mais cela demande du temps, et Justine la sœur de Florian a prévu de revenir travailler sur l’exploitation en tant que salariée pour développer cet atelier : « mon frère , n’a pas le temps de suivre cet atelier. Nous pouvons augmenter la production et mieux valoriser cette production. Il y a la possibilité de développer la production en produits frais dans les magasins. Actuellement, nous vendons un tiers dans les magasins, un tiers par correspondance et tiers sur les marchés ou à la ferme. Nous souhaitons augmenter les ventes par les magasins de producteurs pour limiter le temps de commercialisation ».

Les services environnementaux

Dernier né sur la ferme, le contrat de prestation environnemental passé entre l’Agence de l’Eau Rhône-Méditerranée-Corse, la chambre d’agriculture 25/90 et les agriculteurs(rices) intéressés et volontaires le long de la vallée du Doubs. Une contractualisation sur des objectifs précis et réalisables. L’agriculteur sera rémunéré en fonction des actions réalisées : plantation de haies (objectifs de planter 800 ml), réduction d’intrants (IFT de 1,4 à 1), réduction de la fertilisation (-15 unités d’azote par ha) , … Une aide d’environ est prévue 28 000 € par an sur cinq ans si les objectifs prévus sont réalisés.

Les nouveaux ateliers comme les prestations de services ont été accompagnés par la chambre d’agriculture.

Cette démarche concerne seulement une vingtaine d’exploitations. Cela va permettre de tester de nouvelles pratiques. Il faut trouver de nouveaux modèles économiques, mais attention, l’accompagnement de ces transitions doivent être accessibles à un plus grand nombre d’agriculteurs.

En conclusion, ces évolutions de ne doivent pas remettre en cause la rentabilité des exploitations, il est important de travailler tous les sujets pour récupérer de la valeur ajoutée, développer de nouvelles activités , mais l’activité de production agricole reste le fondement du métier d’agriculteur, producteur par nature de biens alimentaires, mais pas seulement.

Recherche de valeurs ajoutées et nouvelles pratiques : notre production pas à n’importe quel prix !

La deuxième visite était au GAEC des Mésanges chez Yohann, Sophie et Claude Henriot.

Yohann s’est installé avec son père, en 2013 (Bac professionnel agricole) en reprenant les parts d’un cédant, et son épouse 30 ans BTS à Poligny en agroalimentaire vient de s’installer en reprenant les parts de Claude. Il y a également deux salariés sur l’exploitation agricole : Sylvain Renaud et Clément Mangin.

Changement de cap, changement de vie

« Avec une exploitation de 206 ha en production laitière conventionnelle, basée sur l’ensilage de maïs , on a recherché à optimiser le système » explique Claude Henriot. « Malgré tous nos efforts on avait du mal à dégager un revenu et le changement climatique, les sécheresses successives nous ont obligés à réfléchir et à trouver de nouvelles solutions ».

« La première étape a été le développement des énergies renouvelables juste avant l’installation de Yohann » se rappelle Claude : « maintenant cela semble tout simple, mais au départ on a pris des risques. On a installé 756 panneaux photovoltaïques sur une toiture de 1300 m2 exposée Sud-Est soit un investissement de 640 000 € HT. Le contrat avec EDF a arrêté un prix à 0,42 € le Kwh. La production a dépassé nos objectifs et nous dépassons les 195000 kwh par an. Nous n’avons aucun regret sur cet investissement qui a permis de sécuriser le revenu et améliorer les conditions de travail. Nous avons été accompagnés par Isabelle Forgue de la chambre.»

«La deuxième étape a été notre projet » précise Yohan et Sophie : « nous voulions passer d’un système « ensilage » à un système « pâture et foin-regain ». Nous recherchions la sécurité économique avec la valeur ajoutée, avoir de meilleures conditions de vie, une vie familiale, …

Nous avons modifié complétement notre système fourrager, arrêté l’ensilage, pour passer en pâturage, foin regain. Nous avons vendu les robots qui sont interdits en AOP, repris une salle de traite.

 Au niveau du système fourrager nous avons voulu sécuriser l’approvisionnement avec des betteraves fourragères, développer le pâturage tournant et les prairies temporaires en mélange graminées légumineuses ».

Un système compatible avec les services environnementaux

Contrat environnemental a également été mis en œuvre pour 206 ha sur 5 ans avec la réduction de l’IFT , des engrais azotés, désherbage mécanique des cultures, implantation de haie…

Une exploitation qui a changé de cap pour repartir sur de nouvelles voies. Ces projets ont été source d’interrogations, d’incertitudes. Ces évolutions ne sont pas sans une prise de risques pour les agriculteurs(rices). Il est important de pouvoir accompagner les agriculteurs concernés pour trouver les nouveaux modèles économiques viables et vivables.

GAEC des mésanges

L’exploitation agricole

  • ha SAU
  •  132 ha cultures : 23 ha blé, 19 ha orge (autoconsommée), 4 ha betteraves, 4 ha de maïs (autoconsommé) , 7 ha de colza, 5 ha trèfles, 58 ha prairies temporaires, 12 ha prairies temporaires en mélange graminées et légumineuses.
  • 74 ha prairies permanentes

Fourrages stockés en foin et regain en balles rondes

Le troupeau 

  • 85 VL Montbéliardes à 620 000 litres
  • Élevage de génisses
  • Réduction du chargement de 1,5 UGB / ha à 0, 9 UGB / ha

Le système

  • Changement de système le 1er février 2020 : passage de lait conventionnel chez Ermitage (environ 380 € / 1 000 l.) en lait AOP Morbier vendu à la Fromagerie Delin à Montbéliard (environ 570 € / 1 000 l.)
  • Changement d’installation de traite : arrêt du robot pour une salle de traite
  • Arrêt du maïs, passage des surfaces en prairies
  • Adaptation au changement climatique : année de sécheresse, maïs à moins 10 t.

La production d’énergie

Production d’énergie renouvelable par panneaux photovoltaïques en mai 2011 

  • 1 100 m²
  • Branchement à un transformateur devant la ferme
  • Bâtiments réalisés quelques années auparavant
  • 180 WT produits et vendus à 43 ct

Les services environnementaux

Contrat environnemental mis en œuvre au 1er septembre pour 206 ha et pour 5 ans

  • Réduction de l’IFT 
  • Azote – 10 unités / ha
  • Désherbage mécanique des cultures
  • Implantation de 1 200 m. de haies
  • Exploitation concernée par la nouvelle zone vulnérable : assez de stockage (pas de nouveaux investissements à prévoir)

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