La Cour des comptes vient de publier un rapport sur « les soutiens publics aux éleveurs de bovins ».
Dans ce rapport, à charge contre l’élevage, il y a deux recommandations :
En résumé, la seule stratégie de la France, pour réduire ses émissions de gaz à effet de serre et atteindre ses objectifs d’ici 2030, serait d’avoir, comme principal levier, la suppression de nos troupeaux et, donc, de nos prairies !
Face à ces inepties, il est important de rappeler quelques véritées.
La France a perdu près d’1 million de vaches, sur ces 7 dernières années. Les importations de viandes bovines ne cessent d’augmenter et ont bondi de plus de 23 % en 2022 par rapport à 2021.
Pourtant, la France pratique un élevage de bovins viandes vertueux, basé principalement sur l’herbe (9,6 millions d’ha), avec des systèmes extensifs et un nombre d’animaux à l’hectare peu élevé (moins de deux vaches à l’hectare), ou des systèmes basés sur la polycutlure élevage, gage de durabilité.
Pour l’instant, juste qu’à preuve du contraire, il n’y a malheureusement pas 36 activités qui permettent de capter du carbone et de rejeter de l’oxygène : il y a la forêt et l’agriculture ! Même les reponsables de la DG Agri à Bruxelles en sont conscients.
Lors de ces expertises et ces bilans, parfois complexes, il est bon de solliciter les personnes compétentes. A chacun son métier ! Ne pas en tenir compte, c’est parfois oublier l’essentiel et perdre, ainsi, le bon sens !
Si certains oublient un peu vite les services environnementaux rendus par l’élevage, nous devons rappeler que, pour un hectare de prairie permanente, 110 kg de CO2 sont absorbés, chaque année, que l’élevage produit les engrais organiques nécessaires à la fertilité des sols. Nous devons rappeler que les prairies stockent 8 millions de tonnes de CO2 (soit près de 2 % des émissions nationales). Il ne faut pas oublier, aussi, le réseau de haies, avec les infrastructures agroécologiques, la lutte contre les incendies dans de nombreuses régions, le maintien de paysages ouverts.
Toutes ces richesses naturelles sont totalement liées aux activités multiséculaires liées à l’élevage, dans de nombreux territoires, que tout le monde nous envie.
En Bourgogne Franche-Comté, nous avons encore 1,2 million d’hectares de prairies permanentes, véritable puit de carbone. Qui pourra entretenir et valorisé ces espaces sans animaux ?
Dans notre région, le nombre d’éleveurs ne cessent de diminuer – 35 % en 20 ans (on est passé de 7 200, en 2000, à 4 700, en 2020), avec un nombre de vaches allaitantes qui diminue également : – 7 % en dix ans ; soit 35 100 vaches nourrices en moins, pour un troupeau actuel de 476 000 vaches.
Pourtant, il est urgent de redonner de nouvelles perpectives aux éleveurs et ne pas décourager les jeunes qui ont envie de choisir ce métier !
A l’heure où nous devons garantir notre souveraineté alimentaire, le moment n’est pas propice à faire une croix sur nos capacités de production et à encourager la diminution de notre cheptel.
Comment accepter ces recommandations alors que, dans le même temps, on nous propose des accords de libre-échange qui auront pour conséquence d’offrir massivement de nouveaux débouchés à de la viande importée, issue d’élevages industriels en « feed-lots », engraissant des bovins à grands coups d’antibiotiques, avec des fermes usines de 30 000 places ?
Ce scénario n’est peut-être pas le plus intéressant, ni pour le consommateur, ni pour les éleveurs de BFC, ni pour la planète !
S’il y a des recommandations à avoir, pour que les éleveurs vivent dignement de leur travail, c’est avant tout d’avoir une meilleure prise en compte de leur travail, de la valeur ajoutée et des services qu’ils réalisent.
Grâce à ce travail de tous les jours, ils permettent, ainsi, d’assurer durablement notre souveraineté alimentaire, tout en gardant des territoires attractifs avec des paysages exceptionnels.
Michel Joly – Président de la section Bovine
Christian Bajard – Président de la FDSEA de Saône-et-Loire