À la demande de David Philot, préfet du Jura, le ministre de l’Agriculture, Julien Denormandie, est venu, le jeudi 24 septembre, découvrir l’agriculture de notre région et présenter le plan de relance : 1,2 milliard d’euros prévus pour l’agriculture française. Après avoir vu l’abattoir Gexa de Perrigny et le Lycée agricole de Montmorot, le périple du ministre se terminait sur une exploitation agricole, à Ounans, au pied de la forêt de Chaux, au GAEC de la Ville, chez Damien et Charles Adrien Ogier. Les deux frères exploitent une ferme de 215 ha en polyculture élevage, avec du lait à Comté (400 000 l).
Un accueil sous la pluie tant attendue
Les élus locaux : le maire de la commune Daniel Ratton, les députés Jean-Marie Sermier et Danielle Brulebois, la sénatrice Marie-Christine Chauvin, la vice-présidente de la Région Sophie Fonquernie, accueillent le ministre à l’arrivée sur l’exploitation.
Quelques secondes après, bon présage ou non, mais surtout bonne nouvelle pour les agriculteurs, l’ensemble de la délégation se réfugie sous les hangars pour éviter la première pluie battante attendue depuis plusieurs semaines.
François Lavrut, président de la Chambre départementale d’agriculture, présente, en quelques mots, l’agriculture du Jura, avec ses zones de montagne et ses appellations fromagères mais aussi son secteur de plaine, avec ses exploitations en polyculture élevage, ses grandes cultures avec le soja de pays et le maïs semence et son vignoble réputé.
Après ces mots d’accueil, le ministre indique ses objectifs : «Je veux une agriculture forte. Notre premier défi, c’est notre souveraineté».
Les frères Ogier présentent l’exploitation, les nouveaux bâtiments mais insistent aussi sur le changement climatique, qui va parfois plus vite que la capacité d’adaptation des agriculteurs.
Sur ce point Emmanuel Schouwey, vice-président d’Interval, interpelle, document en main, le ministre sur le projet d’arrêté concernant l’irrigation : «Vos services doivent revoir leur copie ; interdire l’irrigation le week-end n’a pas de sens».
Plan de relance : premier arrivé premier servi
Les responsables savent qu’ils ont à peine 60 minutes pour convaincre.
Christophe Chambon, président de la FRSEA Bourgogne Franche-Comté, poursuit sur le changement climatique : «Donnez la consigne à vos administrations de changer les logiciels ; il est urgent de mieux stocker et gérer l’eau. Pour ce faire, il faut faire évoluer les procédures pour l’agriculture comme pour l’alimentation en eau des populations ».
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Christophe Buchet, président de la FDSEA du Jura, prend le relais : «Nous partageons l’idée qu’investir reste indispensable si nous souhaitons garder notre souveraineté alimentaire et répondre aux défis des transitions. Nous sommes prêts à relever ces défis mais il faudra nous soutenir pour la modernisation de nos exploitations, avec les bâtiments et matériels du futur, la gestion de l’eau, le développement des énergies renouvelables et le soutien aux investissements dans nos outils de transformation. La mécanique doit être opérationnelle et équitable pour toutes les régions».
Sur ce dernier point, le ministre apporte tout de suite une réponse qui manque singulièrement de précision : «Sur le plan de relance, il n’y aura pas d’enveloppe régionale ; les premiers arrivés seront les premiers servis !»
Le président des Jeunes agriculteurs du Jura, Guillaume Martin, alerte le ministre sur le renouvellement des générations : «Nous avons de nombreux GAEC avec des associés qui vont partir à la retraite. Il est urgent de rénover le parcours à l’installation et de prévoir des dispositifs, afin de faciliter les installations sociétaires, souvent une condition nécessaire pour limiter les contraintes de l’élevage ».
Dans la foulée, Christophe Chambon revient sur les projets portés par la profession : «Le ministère et la Région nous ont soutenus pour le projet « Profilait » qui prévoit de créer la première filière laitière régionale utilisant des protéines de proximité. Nous vous remercions pour cette écoute. Pas de dogmatisme et un peu plus de pragmatisme, l’agriculture et l’agronomie sont des sciences du vivant complexes. Nous attendons, par exemple, des outils pour mettre en œuvre le contrat de solutions avant d’interdire les produits phytosanitaires. Mobilisez un peu plus les chercheurs de l’INRAE pour qu’ils apportent des réponses à nos impasses techniques».
Egalim et contractualisation : vous nous avez fait rêver !
Sur la contractualisation, les esprits sont attentifs et les échanges vifs. Les agriculteurs producteurs de viande présents réagissent : «Sur les Egalim, vous nous avez fait rêver et on ne voit pas grand-chose revenir dans nos poches !».
Le ministre défend le bilan du gouvernement : «Nous sommes dans une économie libérale, on ne peut pas tout réglementer, il faut redonner du poids aux producteurs qui ont des difficultés à défendre leurs intérêts y compris parfois dans leurs coopératives ».
Sans oublier le secteur viticole
Franck Vichet, président du Comité interprofessionnel des vins du Jura, rappelle tous les problèmes rencontrés par la filière avec la COVID19, la taxe Trump,…
En conclusion, les responsables professionnels lui rappellent les priorités sur la nouvelle PAC : « Sachez vous appuyer sur les systèmes agricoles vertueux existants. Ici, vous avez la polyculture élevage, les zones d’appellation, le système allaitant basé sur l’herbe. Reconnaissez l’existant dans les éco-schemes, initiez les programmes opérationnels pour conforter les filières, apportez des réponses aux zones intermédiaires autour de projet comme les protéines et faites reconnaître l’ICHN en mesure environnementale, mais n’inventez pas une nouvelle usine à gaz ».
https://agriculture.gouv.fr/le-communique-de-presse-sur-le-volet-agricole-du-plan-de-relance